Nous nous retrouvons , à quelques kilomètres en aval de notre précédente sortie à Condé-sur-Vire. Le paysage est différent : la vallée est plus ouverte, la Vire commence à prendre son temps, en décrivant un large méandre. Un bief coupe ce méandre. La vallée est moins boisée, les aulnes y sont dispersés et assez chétifs.
La météo même si elle n'est pas sereine nous épargnera le vent trop fort et la pluie (si si quelques gouttes!) mais il faudra faire avec une certaine fraîcheur.
Ce compte-rendu commente les photos transmises par trois participants ; Dominique, Jean et Patrick. Nous reprendrons l'ensemble des observations à la fin de ce compte-rendu.
Les 17 personnes présentes ont pu observer 36 espèces : ce nombre est correct étant donné les conditions météorologiques moyennes.
La Vire
Le niveau de la Vire est élevé après des pluies assez fortes et prolongées. Les bottes ne sont pas de trop pour franchir un passage inondé sous le pont de chemin de fer. Cela a aussi des conséquences sur les oiseaux observés, pas d'oiseau limicole ou ardéidé explorant les rives vaseuses. Avantage : des mares provisoires se forment dans les prairies humides. Elles permettent le stationnement de certaines espèces d'oiseaux.
Photo : Patrick Potevin.
La poule d'eau
En rive droite, près de l'église, quelques poules d'eau se nourrissent sur l'herbe : il n'est pas rare d'en voir ici une trentaine. La poule d'eau constitue, en hiver, des groupes plus ou moins importants que l'on observe ici et là : le groupe est utile à cette période de l'année parce qu'il amène une certaine sécurité à des oiseaux plus vulnérables , il aide à la recherche de nourriture et fournit chaleur et encore sécurité.
Photo : D. et J. Plut
La grive mauvis
Nous sommes survolés par un groupe restreint de quelques grives mauvis. Même si l'oiseau n'est pas vu distinctement, il est identifié par déduction, taille et vol en groupe font penser tout de suite à cette grive. La grive litorne peut elle aussi être vue en groupe mais elle est nettement plus grosse. La grive musicienne n'est jamais en groupe sauf au moment du passage migratoire. C'est aussi le cas du merle noir en groupe pour se nourrir au sol mais pas pour voler. La grive draine est moins grégaire mais plus grosse. Nous reverrons une mauvis un peu plus loin perchée discrètement. La grive mauvis est un hivernant strict: elle n'est vue qu'en hiver.
Photo : D. et J. Plut
Le chardonneret élégant et le tarin des aulnes
La végétation des rives est importante pour l'alimentation des oiseaux en hiver. Le troglodyte mignon circule souvent dans la basse végétation éparse des berges à la recherche de petites proies : il alarme quand le promeneur approche. Les mésanges bleues, charbonnières exploitent aussi cette végétation mais surtout les saules et les aulnes : elles peuvent former en hiver des rondes avec d'autres mésanges comme la mésange à longue queue mais aussi les roitelets et les grimpereaux des jardins. Les vertus du groupe sont encore en oeuvre ici. Le tarin des aulnes dont nous verrons un groupe de 9 en vol, exploite les fruits des aulnes, tout comme le chardonneret élégant. Quand les graines issues de ces fruits tombent au sol, elles constituent une source de nourriture pour les pinsons des arbres et autres fringilles, verdier d'Europe, pinson du Nord,etc.
Combien y a-t-il de chardonnerets dans cet aulne? Photo : D. et J. Plut
Le faucon crécerelle
Le faucon crécerelle se signale par son vol en sur place qu'il pratique volontiers (vol Saint-Esprit). Il peut, grâce à ce vol stationnaire, repérer ses proies qui sont souvent des rongeurs ou des lombrics et plus souvent en été, des insectes. Il peut aussi chasser à l'affût, perché sur un arbre ou un poteau. Nous distinguons bien en vol les parties supérieures des ailes rouille orangé aux extrémités sombres. Il y a un certain dimorphisme entre le mâle et la femelle : le mâle est plus coloré, sa tête est grise. En hiver, le faucon crécerelle rejoint souvent son site de reproduction pour passer le nuit, comme une cavité dans un mur ou un vieux nid de corneille noire. A signaler que le crécerelle fréquente surtout des milieux ouverts comme ce secteur de la vallée assez large et dégagé, avec des perchoirs variés. Le remembrement des surfaces agricoles a permis à ce petit rapace de prospérer même si on ne pourra jamais dire qu'il est abondant.
Photo : Patrick Potevin.
Les laridés
Les mouettes et goélands arrivent ici de l'aval, de la baie des Veys par exemple. Les mouettes rieuses peuvent constituer des petits dortoirs éphémères à Candol lorsque les prés sont inondés ou sur les plans d'eau des Ruinières à Saint-Lô et de Saint-Pierre-de-Sémilly. Mouettes et goélands sont assez fréquents en hiver, en aval de Sainte-Suzanne même si les prés ne sont pas complètement inondés. Aujourd'hui, ce sont des mouettes rieuses qui sont présentes en grand majorité avec quelques goélands argentés. Cela permet de comparer la taille de ces deux espèces, ce qui constitue déjà un élément d'identification. Il n'y a pas de goéland cendré visible : il est pourtant fréquent à cet endroit, à l'unité ou par deux ou trois. Nous avons remarqué la différence de couleur des ailes sur deux goélands argentés. Le plus sombre pourrait être un "argentatus", goéland nordique mais il est difficile de s'avancer plus. Nous verrons 4 immatures de 1ère année de goéland argenté approcher de la mare sans se poser (barre sombre à la queue, plumage brun grisâtre)
Photo : D. et J. Plut
Le grèbe castagneux
Autre oiseau posé sur cette mare provisoire, le grèbe castagneux est familier des plans d'eau calme mais aussi de la rivière, surtout en hiver. Le niveau élevé et la force du courant l'ont aujourd'hui éloigné de la rivière et il a trouvé refuge sur cette grande mare improvisée. La profondeur est faible et il peut plonger sans difficulté à la recherche de sa nourriture constituée d'insectes invertébrés, de quelques mollusques et de petits poissons. Le plongeon de l'espèce n'est pas qu'un moyen de se nourrir mais aussi une façon de se mettre à l'abri des dangers potentiels. Photo : D. et J. Plut
Les bergeronnettes et les pipits
Un autre oiseau peut être observé sur les prés humides : le pipit farlouse. Lui aussi est en petites bandes plus ou moins importantes. Il recherche sa nourriture au sol dans l'herbe ou sur des terres labourés ou en friche. Il hiverne en Normandie, en tous les cas, les populations nordiques. Il est en nette perte de vitesse comme nicheur car il n'occupe plus que les zones de marais et les zones littorales. A noter qu'un pipit spioncelle a aussi été entendu : il est plus élancé et fin que le farlouse et beaucoup plus rare en hiver..
Photo : Patrick Potevin.
Le pic épeiche
Deux pics épeiches sont observés, perchés au loin. Le cri sec "psic" permet de le repérer. Ce sont un mâle et une femelle. La femelle n'a pas de rouge sur la nuque. Les pics vont commencer à se manifester bruyamment dès janvier. Le pic épeiche aime le bois ancien et fatigué qu'il trouve facilement dans une vallée fluviale avec les aulnes notamment et qu'il peut travailler pour trouver des insectes. Le tambourinage du pic correspond à un chant, il est territorial et s'entend vraiment à partir de janvier. Par contre, on peut parfois entendre le bruit plus léger et irrégulier de martèlement quand il s'attaque à une noix ou une noisette ou autre fruit sec. Photo : D. et J. PlutD'autres oiseaux
Le grand cormoran est vu en vol : il remonte la Vire. Il y a quelques dortoirs hivernaux le long de la Vire.Le pouillot véloce et le roitelet à triple-bandeau sont aussi observés : le premier, migrateur partiel, passe souvent l'hiver sur des zones humides avec saulaie. Le roitelet à triple-bandeau,lui, est un hivernant mais il semble progresser depuis quelques années vers l'ouest en tant que nicheur.
Merci à tous les participants et toutes les participantes pour leur curiosité et leur bonne humeur.
Photo : Où est le grèbe castagneux? Patrick Potevin.
Liste des espèces observées (36)
Les espèces en rouge n'avaient pas été contactées le 17/11/2021. En deux sorties, sur quelques kilomètres de la rivière, 45 espèces ont été observées. 10 espèces vues le 17/11 n''ont pas été observées le 5/12.
Accenteur mouchet, bergeronnette des ruisseaux, bergeronnette grise ou de Yarrell, bouvreuil pivoine, buse variable, canard colvert, chardonneret élégant, corneille noire, étourneau sansonnet, faucon crécerelle, geai des chênes, goéland argenté, grand cormoran, grèbe castagneux, grimpereau des jardins, grive draine, grive mauvis, merle noir, mésange à longue queue, mésange bleue, mésange charbonnière, moineau domestique, mouette rieuse, pic épeiche, pic vert, pie bavarde, pigeon biset domestique, pigeon ramier, pinson des arbres, pipit farlouse, pipit spioncelle, poule d'eau, roitelet à triple-bandeau, rougegorge familier, tarin des aulnes, troglodyte mignon.
11 années de suivi Tendances, c'est-à-dire 66 heures, ont permis de noter 82 espèces sur le parcours suivi ce matin entre 2008 et 2020.
Photo : Patrick Potevin.
Prochaines sorties
Samedi 15 janvier 2022
9h30
SAINT-LÔ/50
Rendez-vous "Grand comptage des oiseaux de jardin "
Rendez-vous : 9h30 sur le parking du centre aquatique (au fond du parking, près de l'entrée du parc de Bois Jugan). Bottes et jumelles conseillées. Durée : 1h30 minimum
Mercredi 9 février 2022
9h00 et 9h45
GEFFOSSE-FONTENAY/14
Les oiseaux de la baie des Veys
Rendez-vous : 9h00 sur le parking de la place Sainte-Croix à Saint-Lô pour covoiturage (compter 30 mn de route) et 9h45, sur place, au parking de navigation, accessible par le chemin de l'entretenant Geffosse-Fontenay. Bottes et jumelles très conseillées. Prévoir vêtements chauds. Durée sur place : 2h00.
Dimanche 13 mars 2022
9h30-12h00
MARIGNY/50
Les oiseaux de l'îlot de biodiversité
Rendez-vous : 9h30 Place de Westport Marigny. Durée : 2h30 maximum. Bottes et jumelles conseillées.
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