vendredi 7 décembre 2018

Rendez-vous avec les oiseaux du 5 décembre 2018 à La Meauffe

Nous sommes 6 ce matin au lieu-dit "La Germainerie" à La Meauffe. La météo n'est une nouvelle fois guère engageante avec ce temps grisâtre qui procure peu de lumière et ne favorise guère l'observation. La pluie nous sera épargnée le temps de la sortie.

Plate-forme de l'ancienne carrière
Nous sommes sur un site particulier puisqu'il s'agit de l'emplacement d'une ancienne carrière et de fours à chaux dont l'exploitation est arrêtée depuis de nombreuses années. Une partie du site est un espace naturel sensible géré  par le département, les fours à chaux étant un lieu exceptionnel de reproduction des chauves-souris. La balade débute en longeant l'ancienne plate-forme de la carrière fortement compactée, elle a depuis été recouverte d'une végétation pionnière très carctéristique avec notamment de la cardère. Cette zone en friche est peu fréquentée en ce moment, tout comme la zone de broussailles et de ronces qui la jouxte, très riche au printemps en fauvettes principalement. Il faut donc regarder en l'air pour observer quelques oiseaux : grand cormoran, mouette rieuse venant de la baie des Veys, pinson des arbres, pigeon ramier, canard colvert héron cendré, choucas des tours, corbeau freux et corneille noire. Cependant, des cris qui, à l'amorce, feraient penser à un pic vert nous intriguent : ce sont trois limicoles au loin qui se poursuivent ou alarment de la présence d'un intrus. Chevalier à coup sûr mais lequel? Tout laisse penser que ce sont des chevaliers aboyeurs certainement posés sur les rives vaseuses de la Vire. Le terme d'aboyeur correspond tout à fait à ce cri peu discret. Un pipit farlouse alarmé s'envole.
Rougegorge familier en bord de Vire
Nous nous arrêtons au bord du plan d'eau qui s'est formé dans l'excavation de la carrière. Peu d'oiseaux  sont présents à part quelques mésanges bleue et charbonnière. Nous pénétrons dans une des galeries des fours à chaux. Une ouverture donne vision sur une zone boisée humide traversée par un ruisseau : on entend la mésange nonnette et le grimpereau des jardins. Au niveau d'une plate-forme, nous distinguons avec difficulté quelques grives mauvis qui se révèleront ensuite très présentes sur tout le secteur visité. Un rougegorge familier est tout proche et le chant de l'accenteur mouchet sort du bois voisin. Haut dans les frondaisons, la mésange à longue queue pousse ses petits cris répétés ; elle n'est pas la seule. En longeant le chemin qui mène vers la rivière, les deux roitelets apparaissent , un roitelet à triple-bandeau et quelques roitelets huppés.
Nous passons sous un pont de chemin de fer pour rejoindre la Vire. Nous entendons de loin le gazouillis sans fin des étourneaux sansonnets perchés dans un peuplier à proximité d'une ferme en rive gauche. On observe dans la végétation des rives les mouvement du troglodyte mignon et de quelques mésanges. Un martin-pêcheur était perché sur la rive opposée. Jamais familier, il s'envole et va se percher une centaine de mètres plus loin. Un pic épeiche  crie puis va se percher un peu plus loin. Ce peut être un jeune puisque la calotte a paru bien colorée de rouge.
Au bord du plan d'eau, peu d'oiseaux.
Le chemin de halage a été modifié et retracé quelques mètres à droite à cause  de l'érosion naturelle des berges. La rangée d'arbres connue se trouve maintenant à gauche du chemin. Un grimpereau des jardins explore successivement les troncs de ces arbres.  Au-delà d'une grande prairie humide, on aperçoit un vaste verger de pommiers et comme par hasard quelques grives litornes décollent et nous survolent. Cette espèce de grosse grive est familière des vergers et aussi des prairies grasses. La rangée de peupliers où le gui prospère accueille une ou deux grives draines spécialistes de cette plante : c'est le cri roulé et fort qui permet d'identifier l'espèce. En vol, le dessous des ailes est blanc et l'oiseau ferme longuement ses ailes. Une légère pluie  et la montre nous font rebrousser chemin. Au retour, nous apercevons posé et en vol un chardonneret élégant isolé. C'est curieux parce que cet oiseau explore souvent en groupes ce type de milieu. Une buse variable sera le seul rapace observé en deux heures.
Nous regagnons les voitures. L'échange entre les participants se poursuit et permet de voir en vol plusieurs espèces, quelques tarins des aulnes, bouvreuils pivoines (3) et aussi d'entendre un verdier d'Europe. La présence de ces oiseaux mangeurs de graines montrent bien l'attractivité de ces zones peu entretenues ou en évolution libre : prairies humides, friches, buissons, fourrés, boisement humide  sont des sources d'alimentation pour les granivores et  aussi pour les insectivores puisque nous entendrons aussi le pouillot véloce, hivernant dans les bosquets de saules.
 Malgré la lumière basse et le temps chagrin, 36 espèces ont été observées. Elles ont été, cependant,  plus souvent  entendues que vues. On retrouve évidemment la base des oiseaux communs de Normandie mais le nombre relativement élevé d'espèces permet une nouvelle fois de constater la richesse d'une zone constituée de milieux différents et relativement préservés. Une autre visite au printemps sera intéressante parce qu'on trouvera dans la liste les oiseaux migrateurs, comme les fauvettes spécialistes des fourrés et buissons et d'une strate arbustive basse et les pouillots
Vue sur zone boisée humide dans une galerie de four à chaux   
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Liste des espèces : accenteur mouchet, alouette des champs, bouvreuil pivoine, buse variable,  canard colvert, chardonneret élégant, chevalier aboyeur, choucas des tours, corbeau freux, corneille noire,  étourneau sansonnet, geai des chênes, grand cormoran, grimpereau des jardins, grive draine, grive litorne,  grive mauvis, grive musicienne, héron cendré, martin-pêcheur, mésange à longue queue, mésange bleue, mésange charbonnière, mésange nonnette, mouette rieuse, pic épeiche, pie bavarde, pipit farlouse,  pouillot véloce, poule d'eau, roitelet à triple-bandeau,  roitelet huppé, rougegorge familier, tarin des aulnes, troglodyte mignon, verdier d'Europe.

Espèce remarquable en rouge


 



lundi 3 décembre 2018

Animation publique du 25 novembre 2018 à Saint-Lô

Cette animation aurait pu tomber à l'eau, des pluies abondantes étant tombées pendant la nuit et au matin mais heureusement, une accalmie se produit dès le début de l'animation. 9 personnes sont présentes, pour la plupart adhérentes. Les prévisions météorologiques ont sans doute fait renoncer d'autres personnes.
Future maison du technopôle quelques jours avant.  
Nous sommes sur le site de l'Agglo 21, site aménagé  pour accueillir des entreprises. Pour l'instant, deux parcelles sont occupées et construites ou en voie de l'être, l'une par le CFA-Groupe FIM et l'autre par la future maison du  technopôle  en chantier actuellement. Ce site comprend donc des zones construites, des zones viabilisées, parkings bitumés séparés par des murets et des haies de feuillus desservis par une rue et de vastes zones à nu ou en friche. Sur les parcelles encore en friche, plus ou moins compactées, on trouve toutes sortes de plantes pionnières dont les graines vont particulièrement intéresser les oiseaux : chénopode, armoise, séneçon, molène, tanaisie, cirse, chardon et diverses apiacées. En limite de  cette zone de 2 hectares,  des haies traditionnelles du bocage sur talus (chêne et  frêne principalement)  bordent des prairies ou quelques cultures.

Rougegorge sur groupe FIM, bâtiment perchoir
Une trentaine de canards colverts survole le groupe, provenant du plan d'eau voisin et se dirigeant vers le nord. Une mésange charbonnière s'agite dans un jeune chêne. Les mésanges circulent régulièrement dans ces jeunes éléments à la recherche de quelque araignée ou petits insectes. Les mésanges bleues sont aussi présentes mais en petit nombre. Le pied des jeunes haies de charmes ou d'érables sont explorés par les rougegorges familiers, les accenteurs mouchets et aussi les merles noirs et les grives musiciennes. Deux d'entre elles très discrètes et farouches passent d'une haie à l'autre et rejoignent vite le couvert. On entend l'inquiétude du troglodyte mignon qui se montre à peine. Le déplacement d'un groupe fait facilement réagir les oiseaux.
Les chénopodes ont poussé et fané et forment des touffes qui émergent d'une partie fortement compactée. Une végétation dispersée finit en effet par sortir tout de même de cette partie compactée. C'est là que les pipits farlouses se  rassemblent à la recherche de quelques graines tombées. Un pied de chénopode commun peut fournir 70 000 graines qui font le bonheur de nombreux oiseaux à l'arrière saison.
Zone compactée à chénopodes pour les pipits
Nous continuons à traverser la zone. Deux bergeronnettes de Yarrell picorent sur une rue bitumée. Nous suivons des friches herbeuses : il y  a un peu d'agitation non loin d'une aubépine. Quelques grives musiciennes ( l'une d'elles s'essaiera au chant à couvert) et des merles s'affairent à manger ses fruits  qui peuvent attirer aussi  l'accenteur  le rougegorge ou la charbonnière quand ils sont bien mûrs. Des groupes de chardonnerets élégants descendent dans la végétation sur les cirses et les laiterons. Nous descendons un peu en contrebas  : un héron cendré est posé sur une vaste prairie : un autre individu le rejoint un peu plus tard. Notre passage fait fuir une bande de quelques grives litornes, reconnaissables à leur grande taille, leur longue queue grise et leur vol un peu lourd. Nous entamons la descente vers le plan d'eau. Au loin puis au-dessus de nous des vanneaux huppés nous survolent : sensibles aux vagues de froid nordiques, ils sont visibles tôt cet automne. Stationnés à l'entrée de la prairie au héron , nous observons l'envol bref vers une haie plus lointaine de grives mauvis, pas loin d'une centaine et de deux geais des chênes qui se dissimulent dans le vol des grives et aussi quelques étourneaux.
Bergeronnette de Yarrell
Le groupe parvient au plan d'eau des Ruinières dont le niveau est très bas. On peut imaginer que le niveau a été abaissé pour effectuer des travaux sur la zone humide aval : les saules qui formaient un des deux bosquets du secteur ont été complètement arasés. Néammoins, on y voit à proximité des espèces familières des lieux, mésange nonnette, mésange à longue queue et roitelet à triple-bandeau. Les mouettes rieuses et  le grand cormoran sont eux aussi des habitués du plan d'eau pour le repos le plus souvent. On entend un cri d'envol connu  puis on distingue sur l'oiseau en vol le croupion blanc typique du chevalier culblanc. Cette espèce de limicole hiverne au bord de pièces d'eau plus ou moins importantes, du moment qu'elles ont des rives vaseuses pour se nourrir. dans un jardin proche, nous avons le temps de scruter les évolutions fantaisistes d'un roitelet huppé dans un cerisier.
Nous remontons ensuite vers notre point de départ. Presqu'arrivés au parking, nous sommes survolés par deux linottes mélodieuses qui, elles aussi, aiment ces zones plus ou moins nues où plantes rudérales et adventices fournissent des graines. Le bruant zizi est à peine visible perché dans un jeune chêne : heureusement, il pousse son chant, sorte de cri roulé.
Buse variable sur son poteau
Nous opérons un bref récapitulatif des espèces observées : 32 espèces ont été vues, quelques espèces des espaces bâtis, d'autres des espaces agricoles et enfin des  espèces forestières. Cette sortie a permis de constater l'intérêt en hiver  de zones comme celles-ci pour les espèces mangeuses de petites graines : la linotte mélodieuse, le chardonneret élégant, le pipit farlouse et le bruant zizi.
 Pendant la palabre qui termine toute sortie, nous apercevons une buse perchée sur la clôture du terrain de rugby voisin , seul rapace de la matinée : ces zones dégagées entourées de haies perchoirs sont idéales pour la chasse . Un bouvreuil pivoine discret est entendu.

Liste des espèces : accenteur mouchet, bergeronnette de Yarrell, bruant zizi, buse variable, canard colvert, chardonneret élégant, chevalier culblanc, corneille noire, étourneau sansonnet, geai des chênes, grand cormoran, grive litorne, grive mauvis, grive litorne, héron cendré, linotte mélodieuse, merle noir, mésange à longue queue, mésange bleue, mésange charbonnière, mésange nonnette, moineau domestique, mouette rieuse, pigeon ramier, pinson des arbres, pipit farlouse, rougegorge familier, roitelet à triple-bandeau, roitelet huppé, troglodyte mignon, vanneau huppé.

De nombreux chardonnerets dans les jumelles
Reconnaissez-les derrière leurs jumelles (Patrick Poitevin)

Prochaines sorties

Mercredi 5 décembre 2018
LA MEAUFFE
Prospection pour l'atlas des hivernants
RDV : 8h45 bas du parking des remparts, rue des noyers, Saint-Lô ou 9h00 mairie de la Meauffe

Mercredi 9 janvier 2018
SAINT-LÔ
Les oiseaux de la baie des Veys
Départ : 9h parking de la place Sainte-Croix Saint-Lô pour se rendre à Geffosses-Fontenay