vendredi 15 novembre 2013

Animation du 10 novembre sur le chemin du Hutrel à Saint-Lô



Ce matin, après une semaine très maussade et pluvieuse, le temps est calme et le ciel clair. 14 personnes sont présentes. L'animation du jour va nous emmener du parking de Lidl au village du Hutrel en longeant le parc de l'hôpital Bon Sauveur.

Les quelques personnes présentes avant le début de la sortie ont la chance d'observer un épervier qui pourchasse « mollement »quelques pigeons bisets. L'épervier d'Europe, amateur d'oiseaux, n'a pas peur de la ville :il n'est pas rare de le voir poursuivre un oiseau dans nos jardins urbains.

Du parking, les premiers oiseaux visibles sont des étourneaux sansonnets perchés sur une antenne. Ceux-là sont peut-être des oiseaux sédentaires* qui se réunissent en bande, en automne, pour chercher leur nourriture. En ce moment, de nombreux étourneaux migrateurs arrivant du nord-est de l'Europe, survolent la région de leur vol rapide et énergique.
Etourneaux sansonnets
Quelques pigeons bisets (domestiques) reconnaissables à leur croupion blanc passent. Une ou deux mésanges charbonnières ( bande longitudinale noire sur la poitrine) circulent de bouleaux en frênes, faisant entendre un de leurs cris de contact. L'une d'elles explore la gouttière d'un bâtiment hospitalier et soulève quelques feuilles mortes pour y trouver quelque larve ou insecte.

Les pelouses du parc de l'hôpital du Bon Sauveur sont encore désertes : pas un merle, une grive ou un rougegorge (famille des turdidés) pour profiter des invertébrés dont elle peut receler. La fraîcheur matinale est sûrement en cause. Des mouvements discrets et rapides laissent supposer que beaucoup de ces oiseaux sont encore dans les haies, à l'abri.
Deux goélands « argentés » immatures et non cendrés (merci la photo) survolent notre groupe : direction la vallée de la Vire ou quelque labour frais. Le goéland argenté passe par cinq types de plumage avant d'avoir le plumage adulte (3 ans).
Goéland argenté (1ère année)

Nous abordons le chemin qui monte vers le Hutrel. Ce chemin typique du bocage présente toutes les strates de végétation accueillantes pour les oiseaux et notamment de vieux arbres (chênes et frênes). Le troglodyte mignon se fait entendre et à peine voir : il fréquente la végétation basse du talus à la recherche d'insectes. L'accenteur mouchet recherche souvent sa pitance sur les parties nues et dégagées du talus. Le rougegorge chante au bout d une branche latérale élevée du frêne. La grive musicienne est postée discrètement dans les noisetiers. Le geai des chênes dont on aperçoit le croupion blanc circule à mi-hauteur d'un chêne à l'autre ou d'une haie à l'autre. Il ne va pas manquer de ressources tellement les glands son abondants cette année. (245 glands au mètre carré d'après un collègue du GONm).
Nous en profitons pour observer le lierre, plante dont les fruits sont appréciés des oiseaux aux mauvais jours. Les abeilles apprécient ses fleurs mais le miel vert qui en résulte n'est pas très bon, nous rapporte Dominique.
Au sol, nous apercevons une femelle de pinson des arbres ( dessus brun olive) qui boulotte les graines tombées des arbres. Plus loin, brièvement, une bergeronnette de ruisseaux chasse quelque insecte ou larve dans une zone très humide du chemin. C'est une familière de la mare du Hutrel .

Nous quittons le chemin, élément important du bocage, espace de vie et de circulation pour les oiseaux dits « forestiers » qui y trouvent nourriture, sites de nids et abri contre le intempéries et les prédateurs. Il est important « de maintenir la continuité des haies qui est un facteur capital d'installation des oiseaux et d'efficacité comme corridor écologique » (Collette in Petit Cormoran n°191).

Les deux poules d'eau juvéniles
Les habitations du village du Hutrel sont disposées autour d'un vaste espace de circulation et d'une mare. Au bord de la mare, quatre poules d'eau dont deux juvéniles ont l'air peu farouches : l'une d'elles consomme des herbes aquatiques. Aucun moineau domestique ne se manifeste : pourtant le milieu (habitat ancien, vieux murs, haies mono-spécifiques, lauriers) est propice à sa présence. Nicheur au Hutrel, il disparaît ensuite pour rejoindre les bandes qui s'alimentent encore autour des fermes ou en ville. Cet oiseau si commun autrefois semble être en perte de vitesse, sûrement à cause de la raréfaction des graines dont il se nourrit.
Le choucas des tours a droit à sa photo.
Nous suivons un petit chemin vers le sud qui nous amène à une prairie qui domine la vallée de la Vire. La grive draine se fait entendre : elle est sûrement perchée assez haut dans un peuplier. En hiver, elle se nourrit en partie de baies comme les boules de gui qu'elle dissémine, contribuant involontairement à la propagation de cette plante. Un cri aigu et un envol : ce sont plusieurs grives mauvis. Cette grive nordique au sourcil clair est arrivée en octobre chez nous : souvent en bandes, elle fréquente volontiers les vergers parce qu'elle consomme des fruits en automne. Trois autres espèces seront entendues à cet endroit : la mésange à longue queue ( trois petits cris aigus et une trille roulée), le bouvreuil pivoine (un cri assez grave « pyu) et le chardonneret élégant.
Buse variable

Notre parcours s'achève ici et nous redescendons tranquillement vers la ville. Au niveau du village du Hutrel, la chaleur montante du soleil fait décoller trois buses variables qui planent tranquillement à faible hauteur . La belle lumière du moment nous permet de bien distinguer le plumage, notamment les parties claires du dessous des ailes. Une partie de leur terrain de chasse va disparaître parce qu'un projet de lotissement est en cours sur les prairies situées au nord du Hutrel.


Grimpereau des jardins
Descendant le chemin, nous entendons l'appel aigu du grimpereau des jardins, repéré ensuite, grimpant rapidement par petits bonds, le long d'une grosse branche de chêne. Il capture de petits insectes à tous les stades de développement. C'est un habitué des chênes et des arbres âgés, éléments essentiels de la haie.

Pendant cette sortie, nous avons traversé plusieurs milieux différents : espaces urbains, parcs aménagés, chemin bocager, village et prairies bocagères.
27 espèces ont été observées, surtout des espèces forestières qui sont plus « sédentaires » et qui occupent l'espace bocager, notamment le chemin et ses haies.

Nous remercions tous les participants qui font toujours preuve d'attention et contribuent à la qualité de l'échange.

*Sédentaires : se dit des oiseaux observés toute l'année dans une même région.

Liste des espèces observées :Accenteur mouchet, bergeronnette des ruisseaux, bouvreuil pivoine, buse variable, chardonneret élégant, choucas des tours, corneille noire, épervier d'Europe, étourneau sansonnet, geai des chênes, goéland argenté, grimpereau des jardins, grive draine, grive musicienne, grive mauvis, merle noir, mésange bleue, mésange charbonnière, mésange à longue queue, pigeon biset, pigeon ramier, pie bavarde, pinson des arbres, poule d'eau, rougegorge familier, troglodyte mignon, verdier d'Europe.

Les participants à l'ombre des bouleaux (ça se voit!)

 
Les photos ont été réalisées pendant la sortie par Denis Hallé . Merci à lui.

Ce compte-rendu est dédié particulièrement à Claude Lebouteiller qui ne pouvait être des nôtres aujourd'hui.


Date à retenir :

Le GONm organise chaque année le Grand Comptage de Oiseaux de Jardin. (GCOJ)
Ce comptage a lieu cette année les
 25 et 26 janvier 2014
Il s'agit, en une heure, de compter, dans votre jardin ou dans un parc près de chez vous,  le  maximum d'oiseaux d'une même espèce. Par exemple, si vous voyez 3 merles en même temps, il faudra noter 3. Si vous en voyez 6 en même temps, c'est 6 qui sera retenu et noté.

Il y a un formulaire sur le site du GONm pour noter ses observations. Vous pouvez me le demander également. (ph.gachet@orange.fr)
C'est facile, amusant et utile.

 Prochaine sortie
 
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