Animation
à Saint-Gilles
sur l'exploitation maraîchère de M. Bignon
L'exploitation
de M. Bignon est un refuge GONm depuis deux ans : c'est la première
fois que nous organisions une animation sur ce site.
Description
du refuge
Il
est composé de deux parcelles cultivées entourées de grandes
haies peuplées de nombreuses essences forestières avec des arbres
adultes et des arbustes de bourrage tels que le prunellier, le
noisetier, le fusain et les repousses d'orme.
Les
ronces et les graminées prennent une place importante sur le
pourtour ainsi que quelques pommiers récemment plantés.
S'ajoutent
à cet ensemble des mares temporaires en limite de parcelles, un
réseau de chemins creux limitrophes, une ancienne bâtisse
accueillante aux rapaces et un nouveau bâtiment d'exploitation avec
des serres.
Deux
vergers de pommiers hautes tiges sont à proximité. A l'ouest du
refuge, nous trouvons une grosse ferme laitière conventionnelle et à
l'est, une autre exploitation laitière en "bio".
Des
nichoirs ont été installés sur le pourtour de haies par Joëlle
Berthou, référente du refuge.
Compte-rendu
de l'animation du 21 avril 2013
Dans
un premier temps, M. Bignon présente aux 17 participants son
parcours professionnel : après avoir travaillé dans l'industrie, il
débute son nouveau métier de producteur à la Ferme de Sédouy à
Guilberville. Il s'installe ensuite à Saint-Gilles en 2008 sur cette
exploitation de 5ha dont la moitié est consacrée à la culture
biologique de légumes. Il emploie un salarié à plein temps et un à
deux saisonniers. En s'installant à Saint-Gilles, il a souhaité se
rapprocher de sa clientèle saint-loise.
Les
pratiques culturales reposent sur la rotation de différentes
cultures très complémentaires : elles favorisent la diversité
biologique et par conséquent, contribuent à un meilleur équilibre
des sols et à la limitation d'invasions parasitaires.
Dans
le souci de protéger le consommateur, aucun traitement n'est
appliqué : même la bouillie bordelaise autorisée sous conditions
en agriculture biologique est bannie.
Claude inspecte les traces de chevreuil sur le tronc des jeunes pommiers. |
Nous
sommes dans un milieu bocager caractéristique : haies sur talus,
arbres de haut jet, têtards, cépées, verger, mares provisoires,
chemins et habitations. Nous observerons pendant la visite les
différentes fonctions de la haie pour les oiseaux, espace essentiel pour se
nourrir, s'abriter, chanter, se reproduire, se déplacer.
Le
rougegorge se manifeste dès le début de l'animation. Il
affirme son territoire par son chant. Des chardonnerets, encore en
petites bandes, se réfugient dans des noisetiers. Le troglodyte
qui aime la végétation basse et un peu éparse des talus s'égosille
pour couvrir le chant des merles qui constituent le fond de
l'ambiance sonore de cette matinée. Le pinson des arbres se
fait entendre sur un poste de chant élevé.
Deux
tourterelles turques passent rapidement en vol : cet oiseau du
sud est de l'Europe est un habitant récent de nos régions (années
1950). Il s'établit toujours près de l'homme. En ville, son
développement semble être enrayé par le pigeon ramier.
Ce
matin, les oiseaux vont se manifester surtout par leurs chants : leur
détection visuelle est rendue difficile par leur grande mobilité et
les feuillages qui apparaissent. On s'aperçoit très vite que les
oiseaux circulent beaucoup le long des haies, d'où l'importance de
maintenir un réseau continu de haies qui permet aux animaux de se
déplacer aisément ( pour les reptiles notamment!)
Fauvette à tête noire mâle |
Le
mâle de la fauvette à tête noire a la
calotte noire, la femelle, la calotte rousse. Ce matin, nous
entendons le gazoullis gai et puissant des mâles qui essaient de se
faire remarquer par quelques femelles : les ronces, le lierre, les
arbustes épineux et l'arbre sont le domaine de cet oiseau
insectivore qui ne déteste pas les baies à l'arrière-saison et en
hiver.
Nous
apercevons quelques mésanges bleues et charbonnières déjà
bien occupées, pour les femelles notamment dans l'aménagement du
nid ou la ponte.
L'accenteur
mouchet, petit oiseau à tête grise des haies basses, circule à
faible hauteur sur le talus : nous entendons son chant clair et
sonore. En hiver, il est vu souvent au sol où il se nourrit de
petites graines.
Nous
nous rapprochons de la ferme voisine. Les bâtiments sont très
fréquentés : étourneau, moineau domestique, pigeon
biset ( pigeon dit domestique) et hirondelles de cheminée
qui chassent au-dessus de la prairie artificielle voisine.
La
mare du voisin qui sert d'abreuvoir aux bovins, accueille un canard
colvert et non loin, au sol , des bergeronnettes grises
(yarrell, espèce britannique ) picorent des insectes.
Laurent
Bignon a planté au fond de la première parcelle cultivée
quelques pommiers . Ils sont attaqués par des visiteurs qui
pourraient être des chevreuils, vu l'ampleur des dégâts sur les
troncs. Des mesures de protection vont s'imposer.
Tout
près, la mare provisoire est bordée par une végétation
abondante. Le pouillot véloce dont on entendra à peine le
chant caractéristique (tchif- tchaf) et la mésange nonnette
(petite mésange grsi-brun à la calotte noire) y circulent.
La
deuxième parcelle est à nu pour l'instant : cela nous permet
d'observer, posé sur les mottes, le traquet motteux,
migrateur africain de passage : il niche en petites populations dans
les zones dunaires de l'ouest du département (nid dans des trous de
lapin).
Cette
parcelle est bordée par une magnifique haie bocagère bien dense
avec une grande diversité d'espèces végétales. Le bouvreuil y
est aperçu brièvement.
Une
linotte mélodieuse est occupée à rechercher quelques petites
graines au sol : elle apprécie les graines de crucifères et de
chou. Elle n'est donc pas là par hasard mais nous avons à peine le
temps de l'apercevoir, elle va vite se percher dans les frondaisons.
Au
total, 26 espèces ont été notées mais le refuge est riche de
potentialité pour la vie sauvage. L'entretien scrupuleux des haies
et les pratiques douces de M. Bignon apportent la biodiversité
nécessaire à la présence de nombreux oiseaux. Ce sont
essentiellement des espèces bocagères communes qui sont observées
mais les cultures, les mares permettent d'accueillir des oiseaux qui
ne sont pas liées directement au bocage (traquets motteux,
bécassines, bécasses, signalés par Laurent).
Merci
à M. Bignon pour son accueil. Une pensée pour Joëlle Berthou
référente du refuge qui ne pouvait être là.
Prochaine animation:
le 2 juin 2013 10h00
Pont de Candol, Saint-Lô
Oiseaux nicheurs de la vallée de la Vire
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