vendredi 26 avril 2013

Animation à Saint-Gilles
 sur l'exploitation maraîchère de M. Bignon

L'exploitation de M. Bignon est un refuge GONm depuis deux ans : c'est la première fois que nous organisions une animation sur ce site.


Description du refuge
Il est composé de deux parcelles cultivées entourées de grandes haies peuplées de nombreuses essences forestières avec des arbres adultes et des arbustes de bourrage tels que le prunellier, le noisetier, le fusain et les repousses d'orme.
Les ronces et les graminées prennent une place importante sur le pourtour ainsi que quelques pommiers récemment plantés.
S'ajoutent à cet ensemble des mares temporaires en limite de parcelles, un réseau de chemins creux limitrophes, une ancienne bâtisse accueillante aux rapaces et un nouveau bâtiment d'exploitation avec des serres.
Deux vergers de pommiers hautes tiges sont à proximité. A l'ouest du refuge, nous trouvons une grosse ferme laitière conventionnelle et à l'est, une autre exploitation laitière en "bio".
Des nichoirs ont été installés sur le pourtour de haies par Joëlle Berthou, référente du refuge.

Compte-rendu de l'animation du 21 avril 2013
 
Dans un premier temps, M. Bignon présente aux 17 participants son parcours professionnel : après avoir travaillé dans l'industrie, il débute son nouveau métier de producteur à la Ferme de Sédouy à Guilberville. Il s'installe ensuite à Saint-Gilles en 2008 sur cette exploitation de 5ha dont la moitié est consacrée à la culture biologique de légumes. Il emploie un salarié à plein temps et un à deux saisonniers. En s'installant à Saint-Gilles, il a souhaité se rapprocher de sa clientèle saint-loise.
Les pratiques culturales reposent sur la rotation de différentes cultures très complémentaires : elles favorisent la diversité biologique et par conséquent, contribuent à un meilleur équilibre des sols et à la limitation d'invasions parasitaires.
Dans le souci de protéger le consommateur, aucun traitement n'est appliqué : même la bouillie bordelaise autorisée sous conditions en agriculture biologique est bannie.

Claude inspecte les traces de chevreuil sur le tronc des jeunes pommiers.
Nous sommes dans un milieu bocager caractéristique : haies sur talus, arbres de haut jet, têtards, cépées, verger, mares provisoires, chemins et habitations. Nous observerons pendant la visite les différentes fonctions de la haie pour les oiseaux, espace essentiel pour se nourrir, s'abriter, chanter, se reproduire, se déplacer.

Le rougegorge se manifeste dès le début de l'animation. Il affirme son territoire par son chant. Des chardonnerets, encore en petites bandes, se réfugient dans des noisetiers. Le troglodyte qui aime la végétation basse et un peu éparse des talus s'égosille pour couvrir le chant des merles qui constituent le fond de l'ambiance sonore de cette matinée. Le pinson des arbres se fait entendre sur un poste de chant élevé.
Deux tourterelles turques passent rapidement en vol : cet oiseau du sud est de l'Europe est un habitant récent de nos régions (années 1950). Il s'établit toujours près de l'homme. En ville, son développement semble être enrayé par le pigeon ramier.

Ce matin, les oiseaux vont se manifester surtout par leurs chants : leur détection visuelle est rendue difficile par leur grande mobilité et les feuillages qui apparaissent. On s'aperçoit très vite que les oiseaux circulent beaucoup le long des haies, d'où l'importance de maintenir un réseau continu de haies qui permet aux animaux de se déplacer aisément ( pour les reptiles notamment!)
Fauvette à tête noire mâle
Le mâle de la fauvette à tête noire a la calotte noire, la femelle, la calotte rousse. Ce matin, nous entendons le gazoullis gai et puissant des mâles qui essaient de se faire remarquer par quelques femelles : les ronces, le lierre, les arbustes épineux et l'arbre sont le domaine de cet oiseau insectivore qui ne déteste pas les baies à l'arrière-saison et en hiver.
Nous apercevons quelques mésanges bleues et charbonnières déjà bien occupées, pour les femelles notamment dans l'aménagement du nid ou la ponte.

L'accenteur mouchet, petit oiseau à tête grise des haies basses, circule à faible hauteur sur le talus : nous entendons son chant clair et sonore. En hiver, il est vu souvent au sol où il se nourrit de petites graines.

Nous nous rapprochons de la ferme voisine. Les bâtiments sont très fréquentés : étourneau, moineau domestique, pigeon biset ( pigeon dit domestique) et hirondelles de cheminée qui chassent au-dessus de la prairie artificielle voisine.
 
La mare du voisin qui sert d'abreuvoir aux bovins, accueille un canard colvert et non loin, au sol , des bergeronnettes grises (yarrell, espèce britannique ) picorent des insectes.
Laurent Bignon a planté au fond de la première parcelle cultivée quelques pommiers . Ils sont attaqués par des visiteurs qui pourraient être des chevreuils, vu l'ampleur des dégâts sur les troncs. Des mesures de protection vont s'imposer.

Tout près, la mare provisoire est bordée par une végétation abondante. Le pouillot véloce dont on entendra à peine le chant caractéristique (tchif- tchaf) et la mésange nonnette (petite mésange grsi-brun à la calotte noire) y circulent.

La deuxième parcelle est à nu pour l'instant : cela nous permet d'observer, posé sur les mottes, le traquet motteux, migrateur africain de passage : il niche en petites populations dans les zones dunaires de l'ouest du département (nid dans des trous de lapin).
Cette parcelle est bordée par une magnifique haie bocagère bien dense avec une grande diversité d'espèces végétales. Le bouvreuil y est aperçu brièvement.
Une linotte mélodieuse est occupée à rechercher quelques petites graines au sol : elle apprécie les graines de crucifères et de chou. Elle n'est donc pas là par hasard mais nous avons à peine le temps de l'apercevoir, elle va vite se percher dans les frondaisons.

Au total, 26 espèces ont été notées mais le refuge est riche de potentialité pour la vie sauvage. L'entretien scrupuleux des haies et les pratiques douces de M. Bignon apportent la biodiversité nécessaire à la présence de nombreux oiseaux. Ce sont essentiellement des espèces bocagères communes qui sont observées mais les cultures, les mares permettent d'accueillir des oiseaux qui ne sont pas liées directement au bocage (traquets motteux, bécassines, bécasses, signalés par Laurent).

Merci à M. Bignon pour son accueil. Une pensée pour Joëlle Berthou référente du refuge qui ne pouvait être là.

Prochaine animation:
 le 2 juin 2013 10h00
 Pont de Candol, Saint-Lô
Oiseaux nicheurs de la vallée de la Vire


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