Journée internationale de la forêt
Animation personnes malvoyantes -
Cerisy la Forêt - 23 mars 2014
Il est 9h30. Un temps frais mais clair
succède à une belle averse . 14 personnes sont présentes sur le
parking du Bois l'Abbé en forêt de Cerisy. Parmi elles, se trouvent
4 personnes malvoyantes avec leurs accompagnateurs.
Le petit groupe de personnes malvoyantes et leurs accompagnateurs |
Cette animation, initiée par Bernard
Mille et Joëlle Berthou, en partenariat avec deux associations
saint-loises Aide DV et Accès Cité est en effet destinée à des
personnes « déficients visuels ».Elle se déroule dans le cadre de la première Journée Internationale de la Forêt pour laquelle le GONm propose dix animations en Normandie.
Cette sortie se déroulera en deux parties. Une
première phase est consacrée plutôt à l'écoute et la seconde au toucher.
Il s'agit donc d'abord, en se
déplaçant dans la forêt,de distinguer les manifestations sonores
, de quelques oiseaux forestiers, et aussi d'« évoquer »
le milieu traversé. Le chemin suivi est bien stabilisé et ne pose
pas de difficultés pour la marche.
Chaque espèce entendue est située
dans l'espace et décrite. 5 réglettes de bois peuvent
permettre, au toucher, de se représenter la taille de l'oiseau.
Quelques petites informations sont données sur son comportement.
Des gravures « grandeur nature » sont aussi à
disposition pour les personnes qui ont une vue réduite. Les chants entendus sont réécoutés sur un téléphone portable.
Nous traversons d'abord une zone forestière humide qui permet la présence de l'aulne glutineux familier des rives de rivière. Noisetiers et bouleaux sont aussi bien présents sur ces sols frais.
Beaucoup d'espèces utilisent les
arbres de la forêt comme poste de chant.
Perché en bout de branche, le
rougegorge familier marque son territoire par son chant flûté
et mélodieux.
La grive musicienne perchée
assez haut pousse son chant rythmé et varié.
Au loin, il faut tendre l'oreille pour
entendre le chant de la grive draine qui résonne dans l'air
pur.
Le pouillot véloce émet
sa phrase musicale sans cesse répétée, ( tchif-tchaf) en
circulant dans le taillis : peut-être est-il de retour de
migration.
D'autres oiseaux se manifestent plus
bas dans la végétation . A notre approche, le troglodyte
mignon se manifeste par des cris d'inquiétude et un chant
sonore, le couvert végétal des bords du chemin lui permet de
circuler discrètement.
Un chant sifflé et mélodieux sort du
roncier : c'est la fauvette à tête noire, toujours active.
Elle revient peut-être du sud de la France où elle hiverne (ou
d'Afrique?)
Nous touchons quelques chatons de
noisetiers et de bouleaux . L'ajonc et le genêt
poussent ici par endroits le long du chemin : les distinguer au
toucher et à l'odorat est facile.
Les animateurs : Claude, Bernard et Philippe |
Le terrain devient plus sec : sur la
droite, nous longeons une hêtraie où la végétation basse se fait
plus rare. Deux buses variables commencent à planer mais
hélas, elles sont silencieuses. Une sittelle torchepot émet
ses cris variés et son « hui-i-it » caractéristique.
Avec ses congénères, elle est occupée à des poursuites haut dans
les frondaisons. L'oiseau niche dans des cavités : si l'entrée lui
paraît trop grande, il la cimente. Le trou apparaît alors
boursouflé.
Souvent proches géographiquement des
sittelles, quelques mésanges charbonnières chantent. On sent
une légère agitation parce qu'il s'agit d'affirmer son territoire.
La femelle est peut-être déjà occupée à garnir une cavité dans
un arbre.
Une mésange bleue émet son cri
roulé un peu râpeux. Elle explore les arbres du pied jusqu'à la
cime. La charbonnière et la bleue ne se concurrencent pas dans la
recherche de nourriture.
Enfin, il a mis du temps à se faire
entendre : le grimpereau des jardins chante sa ritournelle
discrète et progresse le long du tronc d'un chêne dont il apprécie
la rugosité. Il trouve de la nourriture dans les infractuosités de
l'écorce.
Le ciel devient menaçant et une
averse de grêle s'abat rapidement. Il est temps de faire demi-tour.
Tant pis pour les pics et les roitelets « prévus » un
peu plus loin.
14 espèces ont été observées ou
entendues, dont les espèces cavernicoles comme les mésanges et la sittelle qui ont besoin du vieux bois pour nicher et se nourrir. Une gestion raisonnable de la forêt laissant en place des boisements anciens et du bois mort favorise la présence de ces espèces qui participent à l'équilibre du milieu.
Pour la deuxième partie de
l'animation, le petit groupe se réfugie sous la halle de la place du
village.
Joëlle présente l'album d'identification des espèces qu'elle a réalisé.
Sur la page de droite, une représentation en relief... |
...permet d'en suivre le contour. |
Quelques
silhouettes d'oiseaux en bois sont également proposées au toucher.
Guillaume, président d'Accès Cité peut se représenter l'envergure de l'autour des palombes grâce à cette silhouette en contreplaqué.
Bernard fait
explorer un rondin de bois avec des trous de pics. Des écorces
différentes (aulne, chêne, bouleau ) sont aussi présentées ainsi
que des morceaux d'aubier transpercé par les pics ou par les insectes
xylophages.
Des nids de grives et mésanges sont également proposés . Pendant ces diverses
manipulations, l'échange a toujours été important et riche, mêlant la curiosité et la bonne humeur.
L'animation se termine par un petit
café gâteaux « mérité », vu le froid qui avait envahi
la halle de Cerisy en cette fin de matinée.
Remerciements à David Guillaume, président d'Accès Cité, Stéphane Guyot, responsable d'Aide DV, aux participants malvoyants et leurs accompagnateurs pour leur curiosité et leur écoute, à Joëlle Berthou, Bernard Mille, pour leur imagination et leur enthousiasme et à Claude Lebouteiller pour ses apports botaniques.
Texte : Philippe Gachet
Photos : Joëlle Berthou et Philippe Gachet
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