lundi 5 septembre 2016

Animation du 4 septembre 2016 au musée du Bois Jugan

Le GONm était présent à la fête de Tcheu Nouos à Saint-Lô avec un stand et une animation.

Rucher du verger du Bois Jugan

 Retour sur le blog après trois mois d'absence. Entretemps, l'animation du GONm à la fête de la Bio, le 28 mai 2016, a accueilli près de 40 personnes sous une brume tenace qui n'a guère encouragé les observations.


Pour la deuxième année consécutive, le musée du bocage normand organisait sur son site  de Saint-Lô, la fête de "Tcheu Nous". Cette fête plutôt familiale a pour objectif de mettre en valeur les espèces domestiques normandes. Cette année, l'âne du Cotentin était mis en valeur.

Encore une fois, la météo n'était guère favorable. Une pluie bien de "tcheu nous" a fait craindre le pire avant le début de l'animation mais a  certainement dissuadé un certain nombre de personnes.
Jean Collette avait fait le déplacement du Sud de la Manche pour accompagner l'animation. 8 personnes étaient donc présentes devant le stand dans la cour du musée.
Roitelet huppé (Franck Letellier)
Dans un premier temps, il  a fallu s'éloigner de la sono pour pouvoir entendre les intervenants et les oiseaux. Le petit groupe emprunte donc l'allée Monthulé qui longe, à  l'arrière des bâtiments,  deux parcelles qui sont occupées par un parc de loisirs privé. L'installation de ce dernier a été respectueuse des haies existantes. Des branches mortes au sommet d'un conifère accueille quelques merles bien discrets. Le pigeon ramier chante ses 5 notes habituelles : cet oiseau a pratiquement toute l'année un comportement reproducteur : on observera un peu plus tard un vol de parade. Le rougegorge familier chante un peu plus loin : le chant n'est pas fort et un peu différent du chant printanier. Le rougegorge chante même en automne et en hiver pour bien marquer son territoire. Un pouillot véloce est aussi entendu avec son cri répété "huit" "huit" : le cri un peu perçant de juvéniles se fera entendre pendant toute la visite.
Qui dit conifère, dit roitelet huppé. On l'entend et on le voit voleter de branche en branche. Son domaine précédent était le cèdre centenaire dont il ne reste qu'un tronc élagué : ils se sont réfugiés sur les quelques résineux situés sur le talus. La mésange bleue circule à couvert dans les chênes de la haie : son cri roulé et grinçant résonne.
Accenteur mouchet (Franck Letellier)
On bifurque à gauche pour rejoindre le verger conservatoire : à l'extrémité du chemin, à la lumière,accenteur mouchet est posé au sol se nourrissant de quelques petites graines. Le troglodyte mignon pousse un cri d'alarme : il est sur son secteur de prédilection, des talus un peu détériorés, avec un maigre couvert. Le geai des chênes alarme lui aussi. le groupe le fera décoller de la haie et nous aurons le temps d'apercevoir son croupion blanc. Plusieurs corneilles noires sont si occupées dans un angle du verger qu'elles ne décollent pas à notre arrivée. C'est un groupe de jeunes visiblement. Qui a entendu le bouvreuil pivoine? Son faible cri n'est pas facile à percevoir. Le groupe observe un poirier bien attaqué par le pic épeiche avant de  quitter le verger bien calme à cette saison.
un
Le pinson des arbres se signale enfin par son cri de vol et va se percher dans un chêne. Pas facile à voir! Beaucoup de pinsons entameront bientôt leur migration : il sera possible de les voir survoler Carolles par milliers en octobre.
Une fauvette à tête noire articule à peine son chant pourtant si clair et puissant habituellement dans la  belle haie de viornes, fusains, aubépines qui cache un petit bassin recueillant des eaux de la piscine.
Couple de bouvreuil pivoine ( Franck Letellier)

Pour revenir au point de départ, le groupe emprunte un chemin ombragé où subsistent quelques chênes tétards avec quelques cavités où peuvent nicher les mésanges. Au loin, une buse variable est harcelée par une ou deux corneilles.
La sortie se termine dans la cour, survolée par quelques hirondelles rustiques se dirigeant vers l'ouest peut-être en migration et aussi ... un étourneau sansonnet.
Un goéland argenté passe plus loin.

Un faible nombre d'oiseaux a été observé (43)  pour 17 espèces : c'est un score modeste mais la météo, la saison et l'heure n'étaient pas idéales.
A noter l'observation pendant la visite préliminaire d'une tourterelle des bois en migration puisqu'elle n'occupe pas les lieux en période nuptiale.

Merci à tous les participants pour leur écoute et à Jean bien sûr pour sa participation.
Les participants après l'animation

 

Prochaine animation

  Oiseaux des lieux bâtis et des parcs

17 septembre 2016


Haras National Saint-Lô
RV : 9h, entrée Est, Rue de la Goubedière sur le parking.
Jumelles conseillées mais pas obligatoires

Jean Collette nous présente ses réflexions sur les oiseaux du Bois Jugan en établissant la relation entre milieu existant actuel et population d'oiseaux.


Les oiseaux de la ferme du Bois Jugan

Chemin du Bois Jugan
Cette ferme aujourd’hui propriété de la ville de Saint-Lô est un ancien ensemble agricole ayant conservé partiellement bâtiments, chemins, talus et haies, verger et prairies. Mais devenu espace de loisir (musée, expositions, parcelle de jeux pour enfants privatisée, animations diverses...), ses fonctions de production, hormis le ramassage des pommes, ont disparu, remplacées par d’autres objectifs. Du coup, l’entretien et les aménagements visent maintenant plus l’esthétique et le confort de la circulation des visiteurs que la production. C’est nettement le cas pour les haies qui ne
produisent plus de bois et dont la taille n’est plus aussi traditionnelle que lorsque l’agriculteur devait défendre sa prairie contre les ronces... Les vieux arbres têtards ne sont plus émondés et il est maintenant trop tard pour les rajeunir, la coupe de certaines branches très grosses mettrait en danger la survie des individus. Malheureusement, l’étape suivante sera la mise en sécurité du public, synonyme d’abattage de vieux arbres, comme en ville. Quant aux espaces herbacés, ils sont entretenus à l’image des pelouses urbaines, tondues ou broyées.

Pour l’avifaune, les habitats d’origine existent encore. Le dérangement est différent, l’environnement
Tétard du chemin du Bois Jugan
plus bruyant en certaines occasions mais ce n’est probablement pas un facteur majeur d’éloignement pour la plupart des passereaux des haies. Seule exception, le grand cèdre réduit à un tronc mort lors de l’installation d’une aire de jeux, a privé le couple de roitelets locaux de son habitat (bien qu’il soit encore présent, probablement déplacé.) La perte majeure réside surtout dans l’absence de bétail pâturant les prairies. C’est toute une faune liée aux bovins par exemple qui fait défaut, dont les insectes des bouses. La chaine alimentaire est tronquée et l’écosystème est déséquilibré depuis le sol (cycle de la matière organique) jusqu’à l’espace aérien (oiseaux insectivores chasseurs aériens : l’hirondelle rustique entretient des liens forts avec les bovins.) Plus généralement, l’élevage des volailles, la manipulation des stocks de céréales, le jardin potager, les parcelles de culture engendraient traditionnellement l’offre de potentialités alimentaires variées pour de nombreuses espèces. Symboliquement, on peut noter que le moineau domestique en partie et l’hirondelle rustique ne fréquentent plus la ferme musée.
Cépée de charme sur talus dégradé
Cette mutation est courante dans toutes les zones rurales des couronnes suburbaines. Ici, le cadre est resté en place et les aménagements récents sont plutôt favorables à l’avifaune. Les plantations arbustives variées font appel à de nombreuses essences à baies (dont la viorne rendue célèbre en décembre 2011 grâce à l’attraction qu’elle exerçait sur le jaseur boréal !) De jeunes pommiers sont encore greffés, c’est un signe encourageant. La dynamique naturelle des plantes sauvages s’installant au cœur des haies est en marche. De jeunes troènes, des frênes, des chênes, des sureaux s’invitent en complément des plantations. Le grand allié des zones « artificielles » (le bocage est aussi un paysage artificiel né de la volonté de l’homme), c’est le temps. Plus une haie est âgée, plus elle est riche d’essences variées et donc plus elle est potentiellement attractive pour un plus grand nombre d’animaux sauvages. Une vie d’homme suffit à peine pour constater l’évolution : on ne peut que souhaiter que les élus responsables successifs se projettent assez pour donner du temps à la nature !

Parcelle tondue avec acacia à l'arrière-plan



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