samedi 13 avril 2019

Rendez-vous du 3 avril 2019 à Saint-Fromond (50)

Le château des cigognes
Au lever du jour, il avait plu abondamment dans la nuit et sur le matin si bien qu'on pouvait craindre la pire météo pour cette sortie. Un ciel plus clair vers le nord nous a encouragés à prendre malgré tout la direction de Saint-Fromond. Bien en a pris aux 9 participants car malgré une certaine fraîcheur peu confortable, le temps s'est maintenu au sec et s'est même éclairci pendant la visite.
La sortie débute devant le château  de la Rivière en ruines qui accueille une belle colonie de cigognes blanches comprenant une trentaine de nids. Nous observons les couples à des stades différents de la reproduction, parades, construction de nid, couvaison. Certaines de ces cigognes sont baguées.
L'environnement boisé d'aulnes de saules et d'épineux est accueillant pour de nombreux passereaux.  Nous distinguerons particulièrement le chant du pouillot fitis, migrateur printanier qui remonte plus au nord. Le chant ressemble à celui du pinson et se termine par quelques notes longues et tristes. Autre oiseau bien présent, la linotte mélodieuse dont les cris et le chant retentissent dans les saules : un peu plus loin, une femelle sera vue transportant des matériaux pour le nid. Cette espèce est sur la liste rouge des espèces menacées de Normandie. Le moineau domestique a établi une petite colonie dans le château : il n'est pas rare qu'il établisse son nid dans le soubassement des nids de cigogne. Pour l'heure, il cherche quelques insectes dans les saules. Comme nous nous trouvons dans une zone de transition entre le bocage et le marais, nous entendons les chants des espèces communes comme le pinson des arbres, le rougegorge familier, le pouillot véloce, l'accenteur mouchet ou la grive musicienne. Un ou deux merles sont vus mais comme partout ils se font rares et discrets pour des raisons de chute des effectifs mais aussi parce que les nichées sont en cours.
Femelle de linotte transportant des matériaux

Nous suivons le chemin qui nous engage dans le marais. Le paysage" avifaunistique " (un mot que je voulais placer pour rehausser le standing de ce texte) change puisque nous commençons à observer des espèces des zones humides. Il ne faut pas longtemps pour repérer le cri et voir un bruant des roseaux perché au sommet d'une phragmite. Le chant sera entendu plus tard, brève phrase discrète et peu musicale. Les fossés bordés d'une maigre roselière suffisent à la présence de l'espèce. Nous entendons le chant fort et puissant de la bouscarle de Cetti, une des seules façons de repérer l'oiseau. Une alouette des champs  entonne en vol son chant long et musical qu'elle effectue en montant et en descendant dans les airs. L'oiseau est, grâce à ce chant, bien cantonné et marque son territoire de nidification. A noter que la phrase musicale est différente selon que l'oiseau monte ou descend. Dans le lointain, le busard des roseaux circule en chasse à basse hauteur. Son vol est constitué de parties battues courtes et de longs planés. Nous verrons le mâle et la femelle, successivement.
Des hirondelles de rivage surtout et quelques rustiques filent en nombre vers le nord : elles sont conformes à leur date habituelle d'arrivée dans la région. Deux grandes aigrettes se nourrissent un peu plus loin ; une aigrette garzette est dans le même coin pas très loin des mares de gabion. Sur une de ces mares, circulent deux foulques macroules qui nicheront ici si les niveaux d'eau sont suffisants. Les nichées peuvent être fragilisées si le busard est dans le secteur. Un cygne tuberculé est posé sur l'eau d'un large fossé : c'est le cygne des plans d'eau d'agrément mais il a tendance à se multiplier dans certaines zones de marais. Plusieurs passereaux typiques de ces zones de prairies humides se font voir : pipit farlouse et pipit spioncelle. Ce dernier est plus élancé que le farlouse et a les rectrices externes blanches : il est uniquement présent en hivernage, de façon localisée, et en passage migratoire.
Bel envol de canards pilets
Nous nous rapprochons des mares de gabion par un chemin très mouillé : c'est là que nous détectons la présence des bécassines des marais qui s'envolent bruyamment à l'approche. Leur cousine, la bécassine sourde s'envole sans bruit et va se poser tout près. Ce sont des critères qui permettent de différencier les 2 espèces. La sourde est beaucoup plus rare que la "des marais" cependant!
Les canards posés sur la mare de gabion s'agitent et le dérangement les fait décoller : il y a une petit groupe de canard pilet, canard élégant qui semble avoir un long cou et dont le mâle montre un filet qui dépasse de la queue en vol (cf photo) et un groupe de canard souchet à l'épais bec long et aplati et aux couleurs proches de celles du tadorne de Belon.
Les laridés sont observés rejoignant le centre d'enfouissement technique proche : goéland cendré, goéland argenté et goéland brun. Un grand cormoran passe de temps en temps et quelques vanneaux huppés sont repérés : ces derniers sont probablement nicheurs et sont  en train de s'installer. 
Nous retournons vers le point de départ. D'autres passereaux sont observés à proximité du château : chardonneret élégant et bouvreuil pivoine qui se laissent voir au moment du départ. Il faut dire que l'abondance des épineux, prunelliers et aubépines, explique la présence du bouvreuil  qui n'a pas de territoire et a besoin de défenses naturelles pour protéger son nid. 
Cette sortie a permis d'observer 42 espèces d'oiseaux qui sont liées soit aux zones humides soit aux zones boisées  situées en limite des marais. Merci aux 9 participants de leur intérêt pour ces sorties qui permettent de progresser dans la connaissance des oiseaux et ici des zones humides. Ces zones sont en constante diminution et les pratiques d'entretien et d'agriculture auxquelles elles sont soumises les menacent encore plus.
On avance d'un bon pas pour se réchauffer (Gachet)


Liste des espèces : accenteur mouchet, aigrette garzette, bécassine des marais, bergeronnette flavéole, bouscarle de Cetti, bouvreuil pivoine, bruant des roseaux,  busard des roseaux, buse variable, canard colvert, canard pilet, canard souchet,  chardonneret élégant, choucas des tours, cigogne blanche, corneille noire, cygne tuberculé, fauvette à tête noire, foulque macroule,  goéland argenté, goéland cendré, goéland brun, grand cormoran, grande aigrette, grive musicienne, héron cendré,  hirondelle de cheminée, hirondelle de rivage, linotte mélodieuse, merle noir, moineau domestique, pie bavarde, pigeon ramier, pinson des arbres, pipit farlouse, pipit spioncelle, pouillot fitis, pouillot véloce, poule d'eau, rougegorge familier, troglodyte mignon, vanneau huppé.

Images : Patrick Potevin et Philippe Gachet
Rédaction : Philippe Gachet

Prochain rendez-vous

  Mercredi 7 mai 2019

Le coucou est-il arrivé?

RDV : 9h00 parking de la piscine de Saint-Lô (fond du parking) ou 9h 15 devant l'église du Hommet d'Arthenay.

samedi 6 avril 2019

Rendez-vous du 13 mars 2019 à Neuilly-la-Forêt (14)

Nous sommes peu nombreux ce matin pour effectuer la visite de la  propriété de Monsieur Pierre Lericque à Neuilly-la-Forêt. C'est dommage parce que le site est bien intéressant. Cette résidence familiale est située à proximité de zones de marais importantes. Mis à part le parc aménagé autour de la maison d'habitation, cette propriété est une exploitation agricole formée de grandes parcelles de prairies et de cultures. Le linéaire de haies a été globalement maintenu  au fil des années et on observe par endroits de petites mares qui constituent des petites zones humides. On sent un peu  partout que l'eau affleure, en observant des mares provisoires consécutives aux journées humides récentes.
Après un sympathique café qui réchauffe par ce temps venteux et frais, nous commençons la visite par les environs immédiats de la maison constitués d'un parc arboré datant du début du siècle dernier. Un oiseau décolle soudain d'un laurier à notre droite et va se percher un peu plus loin dans un résineux : nous avons à peine le temps d'identifier une chouette hulotte. Nous la laissons à son repos. Malgré la météo,  quelques oiseaux chantent dans le parc, pinson des arbres, rougegorge familier et troglodyte mignon. L'accenteur mouchet, ce petit oiseau au bec fin confondu souvent avec le moineau à cause de ses tonalités de plumage, chante sa ritournelle uniforme et vient au sol se nourrir de quelques petites graines.  Nous observons un grimpereau des jardins qui chemine sur le mur de terre d'un bâtiment annexe. Le grimpereau peut trouver quelques petits insectes dans les interstices de la terre battue et même s'y installer pour nicher dans une infractuosité.
Cigogne blanche baguée (Ph. Gachet)

Dans une prairie à l'arrière, est posée une cigogne blanche : elle est baguée et a visiblement un problème à une patte. Nous ne parvenons pas à lire la bague mais nous pouvons conclure que c'est un individu d'au moins 4 à 5 ans, le baguage des cigognes normandes s'étant arrêté à cette période.
La ferme fait partie du domaine et sur les parties boueuses à l'arrière des bâtiments, bergeronnette de Yarrell, moineau domestique, pinson des arbres et verdier d'Europe picorent dans la boue. Les hirondelles de cheminée ne sont pas encore revenues sur leur site habituel de nidification, une petite remise où nous observons les anciens nids. Certains vieux nids ont été annexés par le troglodyte. 2 buses variables au moins rôdent aux alentours du parc dans le bocage boisé voisin : c'est le début des manifestations sonores et aériennes qui préparent la nidification. Nul doute que les longues haies avec des perchoirs élevés et les grandes parcelles de prairie ou cultivées conviennent tout à fait à l'espèce. Nous progressons ensuite le long de chemins assez larges bordés de haies sur talus assez denses. Les pics épeiches se poursuivent haut dans les chênes et manifestent leur excitation par leu cri sec. Les couples sont déjà formés. Ces parties boisées et arborées sont le domaine du pigeon ramier et du pouillot véloce qui chante régulièrement ce matin : le chant reprend de façon importante quand les premières feuilles fraîches apparaissent sur les saules ou noisetiers et à la floraison des prunelliers. nous suivons ou traversons des parcelles de prairie ou de friches.
A l'arrière, double haie bocagère ( P. Potevin)
Un chardonneret élégant décolle d'une friche de colza : il  sera le seul oiseau observé sur les friches existantes. 2 mésanges à longue queue suivent le linéaire de la haie à la recherche de quelque araignée ou insecte sous les feuilles ou dans les lichens. Plutôt en bande en hiver pour rechercher de la nourriture, dès le début du printemps,  elles se mettent en couple et commencent la longue construction de leur nid : une boule de mousse et de lichen à ouverture latérale. Nous traversons certaines parcelles : à l'angle de l'une d'elles, il y a une certaine agitation. Grives mauvis et grives litornes sont quelques unes à circuler d'un arbre à l'autre : ces grives hivernantes qui aiment les prairies fraîches et les vergers mais aussi les friches deviennent beaucoup plus bruyantes avant leur départ en migration, vers des contrées plus septentrionales pour la mauvis et plus montagneuses pour la litorne. A noter que ces croisements de talus sont en général très vivants parce qu'ils offrent aux espèces des possibilités de circulation faciles en  ne les obligeant pas par exemple à traverser de grands espaces vides pour fuir. La densité de végétation plus importante  procure plus aisément des sites de nid, de la nourriture et un abri contre les prédateurs. Nous distinguons rapidement une fauvette à tête noire mâle qui passe d'un buisson à l'autre. C'est un premier arrivant  de cette espèce migratrice partielle qui hiverne en grande partie autour du bassin méditerranéen. Nous longeons un verger défréchi où paissent quelques moutons : la bergeronnette grise et la mésange charbonnière y circulent ou s'y nourrissent. Les oiseaux trouveront grâce à la laine des moutons accroché ici et là  des matériaux pour leur nid.
L'allée cavalière d'entrée (P. Potevin)
Nous terminons notre visite par le potager de la propriété. Les buses tournoient encore dans le ciel. La grive draine chante et s'agite dans les hautes frondaisons. Le vent est toujours bien présent.
La sortie s'achève, c'est le moment de tirer le bilan des observations effectuées. Même si le nombre d'espèces observées, 28,  est relativement important, le vent a empêché de voir ou d'entendre quelques espèces forestières ou liées aux espaces cultivés.
Les espèces les plus abondantes (nombre d'individus) sont ce matin-là : le pinson des arbres (13 contacts) la mésange bleue (11 contacts), le merle noir (8 contacts), le troglodyte mignon (7 contacts), le pigeon ramier (7 contacts) et le moineau domestique (non dénombré mais abondant). Ce sont logiquement des espèces  liées aux milieux boisés et aux milieux bâtis. L'abondance spécifique (nombre d'espèces d'oiseaux observés) est correcte mais s'enrichira facilement lors d'une éventuelle future visite plus printanière.
Merci à Monsieur Lericque pour son très bon accueil et toutes les informations fournies sur le site pendant la visite. Merci également à Patrick qui avait organisé la sortie.

Images : Patrick Potevin et Philippe Gachet

Liste des espèces observées : accenteur mouchet, bergeronnette grise et bergeronnette de Yarrell, buse variable, chardonneret élégant, chouette hulotte, cigogne blanche, corneille noire, étourneau sansonnet, fauvette à tête noire, grimpereau des jardins, grive draine, grive litorne, grive mauvis, grive musicienne, merle noir, mésange à longue queue, mésange bleue, mésange charbonnière, moineau domestique, pic épeiche, pie bavarde, pigeon ramier, pinson des arbres,  pouillot véloce,  rougegorge familier, troglodyte mignon, verdier d'Europe

Grande parcelle partiellement inondée (P. Potevin)
 
Grande parcelle de prairie ( P. Potevin)

Prochain rendez-vous avec les oiseaux 

3 avril 2019

Cigognes et autres oiseaux du marais

Château de la rivière

Saint-Fromond

RDV : 9h piscine de Saint-Lô

ou 9h15 château de la rivière de Saint-Fromond