lundi 31 décembre 2012

Le Bois Jugan à Saint-Lô, un site intéressant mais ...

Ce site constitué du parc urbain et de la ferme musée présente une diversité de milieux plutôt accueillants pour les oiseaux  : milieu bocager avec verger, prairie permanente, chemins creux et grands arbres, milieu humide avec plan d'eau, saules et roseaux (massettes, phragmites), milieu plus ouvert avec de grandes pelouses limitées par des haies libres comprenant des espèces à baies.
La destruction du bocage par l'urbanisation et l'aménagement d'un golf compact et d'un parc urbain a ouvert le milieu et  attiré de nouvelles espèces.

Le bocage  encore relativement  préservé  permet aux rougegorges, merles, grives de nicher: le maintien de la haie sur talus bien fournie en ronces, aubépine, facilite l'installation des espèces comme les fauvettes ou les pouillots. La densité de la végétation par endroit permet l'installation du plus rare bouvreuil pivoine (espèce signalée sur la liste rouge des espèces normandes). Les vieux arbres avec leur cavité permettent au pic épeiche et aux mésanges de se reproduire. Deux espèces de rapaces diurnes, le faucon crécerelle et la buse variable profitent des espaces dégagés pour chasser. Les moineaux, étourneaux, mésanges bleues, rougequeues noirs, hirondelles de cheminée utilisent les bâtiments de la ferme pour s'abriter ou nicher. Le plan d'eau, les deux mares sont le domaine de la poule d'eau : le héron, l'aigrette, le martin-pêcheur viennent parfois pêcher dans les parages. Les bergeronnettes, les grives mauvis, les mouettes rieuses se nourrissent sur les pelouses en hiver.

Intérêt supplémentaire du site : c'est une étape de repos au printemps ou à l'automne pour de nombreux passereaux migrateurs comme le rougequeue à front blanc, le traquets tarier ou motteux, le phragmite des joncs ou la fauvette babillarde. Les haies libres du parc leur permettent de trouver pour quelques heures ou pour la nuit un abri sûr et de la nourriture (insectes, invertébrés, baies).



Toutes ces observations montrent tout l'intérêt d'un site qui se situe au milieu d'espaces de plus en plus urbanisés. C'est la partie bocagère constituée de la ferme, des chemins creux, du verger et des prairies qui accueille la majeure partie des espèces observées et surtout des espèces nicheuses.

Le maintien et même la protection de cette structure bocagère et par là même, d'une végétation variée riche en essences rustiques et en arbres plus ou moins âgés, un entretien limité des parcelles (fauche tardive), une utilisation réduite des produits phyto-sanitaires doivent permettre de continuer à observer une grande biodiversité au Bois Jugan.

Une 71ème espèce  relativement rare pour la région a été observée le 20 décembre : le grosbec casse-noyaux.

samedi 22 décembre 2012

Un visiteur rare au  Bois Jugan à Saint-Lô 

Le jaseur boréal

 

 Photo  : Philippe Gachet

Un oiseau surprise
Depuis le 12 décembre 2012, on peut observer au parc du Bois Jugan un oiseau nordique exceptionnel : le  jaseur boréal. Deux individus sont présents sur le site. Ces oiseaux, originaires du nord de l'Europe vivent habituellement dans la taïga où ils sont très liés à l'épicéa (le sapin de Noël). Insectivores aux beaux jours, ils changent à l'automne de régime et se nourrissent notamment des fruits du sorbier et d'autres baies. Une bonne reproduction de l'espèce et un manque de nourriture vont entraîner ces oiseaux dans des invasions vers l''ouest et le sud ouest qui permettent de les observer exceptionnellement dans notre région.
Ces invasions sont rares, la dernière remonte à 2005. L'apparition du jaseur avec ses petites taches rouges sur les ailes semblables à des gouttes de sang, était, pour certains anciens, signe de calamité ou de malheur : deux invasions de ces oiseaux avaient précédé les deux dernières guerres mondiales. Les oiseaux présents sur les haies du parc sont peu farouches : ils se nourrissent des baies rouges de la viorne relativement abondantes dans ces haies, ils apprécient aussi les petites pommes de pommiers ornementaux « Everest ». De la taille d'un étourneau, ils sont facilement identifiables avec leur huppe rousse, leur bande noire sur les yeux et une petite barre jaune sur la queue sombre.

Photo : Denis Hallé



Photo : Rémy Gautier (13-12-2012)
Le jaseur boréal constitue la 70ème espèce observée en deux ans sur le site du Bois Jugan qui est suivi régulièrement par le GONm (groupe ornithologique normand) notamment par un suivi "Tendances" .

Quelques observations
Les jaseurs, après s'être nourris de baies de viorne, s'intéressent aussi aux baies de troène, et d'églantiers qu'ils trouvent dans les  haies  qui bordent le golf et qui, heureusement, n'ont pas été taillées à l'automne.
Le jaseur se tient discrètement dans un merisier  par exemple : il descend brièvement vers les viornes pour se nourrit,  en émettant quelquefois son petit cri doux et roulé. Quand il est perché, son plumage  se confond parfaitement avec la couleur des branchages : les couleurs vives des ailes ne sont pas toujours visibles. Il faut parfois rester un certain temps sur place et attendre qu'il bouge pour l'observer.
Le jaseur se perche parfois beaucoup plus haut, sur les branches élevées d'un chêne par exemple. Il peut alors partir dans un vol très bref semblable à celui du gobemouche gris, pour attraper quelque insecte.
Le vol du jaseur est très rapide et direct : les ailes peuvent paraître transparentes comme celles d'un étourneau. 
Les premières observations sur le site ont permis de voir les deux oiseaux  ensemble (voir les photos) : ce n'est plus le cas depuis quelques jours. Ils sont toujours vus séparément.
D'ailleurs, leur comportement a évolué en deux semaines. De très peu farouches, ils sont devenus plus distants et discrets.

Première observation le 12 décembre 2012



Un grand merci aux photographes : Rémy, Alain et Denis. 



Photo : Alain Brodin

Photo : Rémy Gautier

jeudi 6 décembre 2012

Animation ornithologique

  Sortie du 2 décembre 2012


Regards sur les oiseaux des prés humides de la vallée de la Vire

Grands cormorans. Photo : Denis Hallé

Météo du jour : frais (gel nocturne), ciel dégagé, absence de vent.


Vers 10h, le groupe de participants, bien équipés en bottes, jumelles et lunettes d'observation se rassemble à l'invitation du GONm . 28 personnes sont présentes pour aller à la découverte des oiseaux des zones humides toutes proches.

Prairie inondée à l'est du bras mort de la Vire
Après une présentation rapide du GONm par Philippe Gachet, écouté attentivement par une buse variable postée sur un saule non loin de là, nous quittons le premier point d'observation. Le niveau de l'eau a baissé dans ces parcelles qui n'accueillent pas leurs hôtes habituels. Le pipit farlouse qui apprécie les prés inondés se manifeste tout de même par son cri.

Il en est différemment, au niveau de l'ancien cours de la Vire, où sont réunis sur l'eau, mouettes rieuses et un goéland cendré. Cinq grands cormorans se tiennent à distance dans un aulne. Quatre autres survolent la zone : à quelques centaines de mètres en amont, un dortoir hivernal regroupe chaque soir, une soixantaine de ces oiseaux.
Nous quittons le chemin de halage très fréquenté ce matin pour stationner, un peu à l'écart, sur une prairie de fauche, bordée à l'est, par le ruisseau « l'Hain » qui se jette dans la Vire à cet endroit. Dans cette petite zone humide et marécageuse, une grive draine est posée sous une touffe de gui dans un peuplier, : la draine, la plus grande grive connue ici, se régale des fruits du gui et contribue ainsi à la dissémination des graines de cette plante parasite. Plus étonnant, un pic épeiche circule d'un peuplier à l'autre.
Peupliers, aulnes et saules en zone humide
A l'étage au-dessous (strate), dans les saules et les aulnes, nous observons chardonnerets, mésanges bleues, pinsons des arbres et tarins des aulnes, tous en quête de nourriture. Ce dernier, petit oiseau nordique, fréquente les aulnes de nos régions en hiver : il extrait avec adresse les graines des cônes de l'aulne (strobiles).
Notre arrêt prolongé permet d'observer le passage des choucas des tours, petits corvidés qui gagnent bruyamment leurs lieux d'alimentation.

Poursuivant sur le chemin de halage, nous remarquons un faucon crécerelle, perché sur un chêne au-dessus des prairies qui occupent le versant sud de la vallée . Un héron cendré s'envole et va se poser un peu plus loin. Rougegorges et troglodytes se déplacent dans la la haie d'aubépines et de prunelliers à droite du chemin.Une corneille noire s'expose au rayon du soleil.

Une nouvelle prairie humide se présente, limitée d'un côté par une lime* bordée de quelques saules Marsault et de l'autre par une haie remarquablement dense, composée principalement d'aubépines, de ronces et d'églantiers. Nous y constatons la présence du merle noir et de la grive mauvis qui trouvent dans cette haie, les baies dont ils sont friands. La grive mauvis est un migrateur nordique qui arrive au mois d'octobre dans notre région. On la reconnaît notamment à son sourcil clair.

Le déplacement se révèle difficile dans cette prairie récemment pâturée : il faut regarder où l'on pose ses pieds. C'est tout à fait le genre de terrain qu'apprécient les bécassines des marais qui décollent sous nos yeux, en émettant un petit cri, à peine perceptible aujourd'hui. La bécassine des marais est surtout un visiteur d'hiver dans notre région : la population nicheuse est estimée à une vingtaine de couples en Normandie ( en danger critique sur la liste rouge des espèces normandes).
La prairie pâturée accueille la bécassine
Avant de quitter la prairie, nous sommes amusés par un rougegorge qui se plante parmi nous avec un certain aplomb.
La fin de notre visite approche. Nos observons quelques cormorans, encore perchés sur les aulnes de leur dortoir. Ceux-là resteront à proximité dans la journée et pêcheront sur la Vire à leur pied.

28 espèces ont été notées en un peu plus de deux heures. Nous avons pu voir l'intérêt de ces prés humides pour l'avifaune en hiver. Des sorties dans les jours suivants ont permis d'observer jusqu'à 37 espèces en deux heures. Un entretien « raisonné » et extensif ( gestion de l'eau, occupation des sols, maintien de haies) doit permettre de maintenir une biodiversité intéressante, mêlant à la fois des espèces liées aux zones humides et des espèces plus bocagères .
Les conditions météorologiques étaient excellentes tout comme l'ambiance.
Merci à tous les participants pour leur écoute et leur patience, merci aux collègues adhérents pour leur « coup de main ».
*Fossé rempli d'eau en hiver, très répandu dans les zones de marais en hiver (terme régional)
Rédaction : Claude Lebouteiller et Philippe Gachet
Cliquer sur les photos pour les agrandir.

Liste des 28 espèces observées :
Bécassine des marais, bergeronnette grise, buse variable, chardonneret élégant, choucas des tours, corneille noire, faucon crécerelle, geai des chênes, goéland cendré, grand cormoran, grive draine, grive mauvis, grive musicienne, héron cendré,merle noir, mésange bleue, mésange charbonnière, mouette rieuse, pic épeiche, pic vert, pigeon ramier, pinson des arbres, pipit farlouse, poule d'eau, rougegorge familier, tarin des aulnes, troglodyte mignon, pie bavarde.
Rougegorge familier   Photo : Denis Hallé
Grive draine dans un peuplier. Photo : Denis Hallé

Bergeronnette grise alba ou yarrelli? Photo : Denis Hallé

Bergeronnette grise alba ou yarrelli?
La photo ci-dessus a été très utile parce qu'un examen attentif de l'oiseau permet  d'identifier une yarrellii, l'espèce britannique. Les flancs sont 
gris sous les ailes et le croupion  est sombre. Il n'y a rien d'exceptionnel dans la présence de cet oiseau à Candol puisque cette espèce hiverne en nombre dans la région.



Prochaines animations GONm

Les oiseaux aux dortoirs

15 décembre 2012

Avranches/50 à partir de 15 h Route de Saint Brice, 300 m après le carrefour

avec le boulevard de la liberté (voir pancartes sur site, chemin à gauche) Jean Collette


Appeville/50 : 16h rendez vous à l'église. Jocelyn Desmares

Saint Fromond/50 : 16h parking du Château de la Rivière . Alain Chartier

16 décembre 2012

Heugueville-sur-Sienne/50 16h Parking du Pont de la Roque. Bruno Chevalier

Voir les autres animations sur le site du GONm : http://www.gonm.org/




Une animation dans la presse